La formation des enseignants aux CPS : un enjeu crucial de cette rentrée 2024

Par Claire Tétier, ex-enseignante et spécialiste soft skills et Discipline Positive.

Les CPS étant enfin devenus officiellement des sujets à enseigner (voir articles 1 et 2) , la formation des enseignants est indispensable. Car au-delà de nouveaux contenus d’enseignement, il s’agit de faire vivre et appliquer soi-même les savoir-être au sein de la classe, d’acquérir une nouvelle posture et des modalités pédagogiques innovantes.

Il s’agit dans un premier temps, de s’approprier ces nouveaux concepts et connaissances à transmettre. A cet effet, de nombreux programmes de développement des CPS existent déjà, tels qu’Osmose, ScholaVie, ou encore la Discipline Positive, mais l’on peut souligner que le ministère a fourni des « Kits pédagogiques pour les séances d’empathie à l’école » proposant des séances clé-en-mains.

En effet, les CPS jouent un rôle central dans la création d’un environnement d’apprentissage sécurisé et bienveillant. En adoptant l’écoute active, l’empathie, et la gestion des émotions, les enseignants sont en mesure de désamorcer les conflits et de limiter les comportements perturbateurs. Un tel climat de classe, marqué par la sérénité et le respect, devient alors plus propice aux apprentissages.

De plus, chaque élève arrive à l’école avec un bagage unique d’expériences et de besoins émotionnels. Une formation des enseignants aux CPS leur permet de mieux comprendre ces besoins variés et d’adapter leurs pratiques pédagogiques en conséquence. Cette adaptabilité est essentielle pour inclure tous les élèves, y compris ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, personnelles ou relationnelles, et pour leur offrir un soutien approprié.

Pour pouvoir enseigner efficacement les CPS, les enseignants eux-mêmes doivent être dotés de ces compétences. Celles-ci leur permettent de mieux gérer les dynamiques de classe, en trouvant une autorité juste qui allie bienveillance et exigence, et qui modélise les comportements pro-sociaux.

Car dans ce domaine il est essentiel d’être congruent et de s’appliquer à soi-même ce que l’on enseigne : la régulation des émotions, l’écoute, la communication, la gestion du stress, le respect mutuel … devenant des objets d’enseignement, nous nous devons de montrer l’exemple ! Les enseignants, en tant que figures de référence pour leurs élèves, ont la responsabilité d’incarner les comportements qu’ils souhaitent voir adoptés. Cette modélisation renforce l’apprentissage par l’exemple, permettant aux élèves d’intégrer ces comportements dans leur quotidien en leur offrant des exemples concrets de ces compétences en action.

Cela aura aussi l’avantage de pouvoir être appliqué entre adultes : les enseignants ayant développé leurs propres CPS pourront développer des projets pédagogiques qui transcendent les frontières des matières traditionnelles, comme le suggère le programme d’EMC en incitant au croisement de disciplines au sein du parcours citoyen.

Selon les critères de Santé Publique France, pour que l’apprentissage des CPS soit efficace, il doit répondre au modèle SAFE :

  • Séquencé ( s’appuyant sur un ensemble d’activités organisées et coordonnées)
  • Actif, c’est-à-dire que les apprentissages des CPS nécessitent la participation actives des personnes, via le recours à des activités expérientielles (jeux de rôle, mise en situation, partage d’expérience…)
  • Focus, ce qui met en avant l’importance d’une intervention focalisée sur les « CPS clés » identifiées dans la littérature
  • Explicite,  dont l’objectif de développement et l’enseignement des CPS sont formels et clairement présentés aux participants.

Ces principes sont au cœur de l’innovation pédagogique, comme en témoignent les projets Nefle, développés en lien avec le Conseil National de la Refondation (CNR). Ce type de projets accorde une large place aux CPS, permettant ainsi une approche éducative plus intégrée et centrée sur l’élève. En effet, ils nécessitent de la part des enseignants une part de lâcher-prise, puisque cela leur impose de sortir du modèle d’enseignement magistral.

Travailler avec des élèves aux besoins complexes peut être extrêmement exigeant sur le plan émotionnel. Les enseignants formés aux CPS développent des compétences en gestion du stress et en régulation émotionnelle, ce qui leur permet non seulement de soutenir efficacement leurs élèves, mais aussi de préserver leur propre bien-être. En cultivant leur résilience, ils se protègent contre le risque d’épuisement professionnel, mieux connu sous le nom de burnout.

En effet, le concept de « care » ne doit pas s’arrêter aux élèves, mais doit aussi inclure les enseignants. Cette attention portée à leur bien-être ouvre de nouvelles perspectives pour la profession, avec un accent renouvelé sur le bien-être des enseignants eux-mêmes. Cela ne se limite pas à la simple gestion du stress, mais englobe une approche plus globale, où le développement des CPS au sein de l’établissement favorise des relations interpersonnelles positives, l’empathie, et une atmosphère sereine.

En intégrant les CPS dans le quotidien scolaire, l’école devient un véritable lieu de promotion de la santé, tant pour les élèves que pour les enseignants. Une école promotrice de santé ne se contente pas de transmettre des connaissances, mais prend en compte le bien-être global de ses acteurs, créant ainsi un environnement favorable à l’épanouissement de chacun.

La formation des cadres et des personnels de direction est donc un levier indispensable pour transformer l’école en un lieu où les compétences psycho-sociales sont non seulement enseignées, mais aussi vécues au quotidien. C’est en prenant soin des enseignants que l’on pourra, in fine, prendre soin des élèves, et construire une école véritablement promotrice de santé pour tous.

Suite: article 2/3: Rentrée scolaire 2024-25: vers une nouvelle approche de l’Enseignement Moral et Civique

Par Claire Tétier, ex-enseignante et spécialiste soft skills et Discipline Positive.

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Les CPS étant enfin devenus officiellement des sujets à enseigner (voir articles 1 et 2) , la formation des enseignants est indispensable. Car au-delà de nouveaux contenus d’enseignement, il s’agit de faire vivre et appliquer soi-même les savoir-être au sein de la classe, d’acquérir une nouvelle posture et des modalités pédagogiques innovantes.

Il s’agit dans un premier temps, de s’approprier ces nouveaux concepts et connaissances à transmettre. A cet effet, de nombreux programmes de développement des CPS existent déjà, tels qu’Osmose, ScholaVie, ou encore la Discipline Positive, mais l’on peut souligner que le ministère a fourni des « Kits pédagogiques pour les séances d’empathie à l’école » proposant des séances clé-en-mains.

En effet, les CPS jouent un rôle central dans la création d’un environnement d’apprentissage sécurisé et bienveillant. En adoptant l’écoute active, l’empathie, et la gestion des émotions, les enseignants sont en mesure de désamorcer les conflits et de limiter les comportements perturbateurs. Un tel climat de classe, marqué par la sérénité et le respect, devient alors plus propice aux apprentissages.

De plus, chaque élève arrive à l’école avec un bagage unique d’expériences et de besoins émotionnels. Une formation des enseignants aux CPS leur permet de mieux comprendre ces besoins variés et d’adapter leurs pratiques pédagogiques en conséquence. Cette adaptabilité est essentielle pour inclure tous les élèves, y compris ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, personnelles ou relationnelles, et pour leur offrir un soutien approprié.

Pour pouvoir enseigner efficacement les CPS, les enseignants eux-mêmes doivent être dotés de ces compétences. Celles-ci leur permettent de mieux gérer les dynamiques de classe, en trouvant une autorité juste qui allie bienveillance et exigence, et qui modélise les comportements pro-sociaux.

Car dans ce domaine il est essentiel d’être congruent et de s’appliquer à soi-même ce que l’on enseigne : la régulation des émotions, l’écoute, la communication, la gestion du stress, le respect mutuel … devenant des objets d’enseignement, nous nous devons de montrer l’exemple ! Les enseignants, en tant que figures de référence pour leurs élèves, ont la responsabilité d’incarner les comportements qu’ils souhaitent voir adoptés. Cette modélisation renforce l’apprentissage par l’exemple, permettant aux élèves d’intégrer ces comportements dans leur quotidien en leur offrant des exemples concrets de ces compétences en action.

Cela aura aussi l’avantage de pouvoir être appliqué entre adultes : les enseignants ayant développé leurs propres CPS pourront développer des projets pédagogiques qui transcendent les frontières des matières traditionnelles, comme le suggère le programme d’EMC en incitant au croisement de disciplines au sein du parcours citoyen.

Selon les critères de Santé Publique France, pour que l’apprentissage des CPS soit efficace, il doit répondre au modèle SAFE :

  • Séquencé ( s’appuyant sur un ensemble d’activités organisées et coordonnées)
  • Actif, c’est-à-dire que les apprentissages des CPS nécessitent la participation actives des personnes, via le recours à des activités expérientielles (jeux de rôle, mise en situation, partage d’expérience…)
  • Focus, ce qui met en avant l’importance d’une intervention focalisée sur les « CPS clés » identifiées dans la littérature
  • Explicite,  dont l’objectif de développement et l’enseignement des CPS sont formels et clairement présentés aux participants.

Ces principes sont au cœur de l’innovation pédagogique, comme en témoignent les projets Nefle, développés en lien avec le Conseil National de la Refondation (CNR). Ce type de projets accorde une large place aux CPS, permettant ainsi une approche éducative plus intégrée et centrée sur l’élève. En effet, ils nécessitent de la part des enseignants une part de lâcher-prise, puisque cela leur impose de sortir du modèle d’enseignement magistral.

Travailler avec des élèves aux besoins complexes peut être extrêmement exigeant sur le plan émotionnel. Les enseignants formés aux CPS développent des compétences en gestion du stress et en régulation émotionnelle, ce qui leur permet non seulement de soutenir efficacement leurs élèves, mais aussi de préserver leur propre bien-être. En cultivant leur résilience, ils se protègent contre le risque d’épuisement professionnel, mieux connu sous le nom de burnout.

En effet, le concept de « care » ne doit pas s’arrêter aux élèves, mais doit aussi inclure les enseignants. Cette attention portée à leur bien-être ouvre de nouvelles perspectives pour la profession, avec un accent renouvelé sur le bien-être des enseignants eux-mêmes. Cela ne se limite pas à la simple gestion du stress, mais englobe une approche plus globale, où le développement des CPS au sein de l’établissement favorise des relations interpersonnelles positives, l’empathie, et une atmosphère sereine.

En intégrant les CPS dans le quotidien scolaire, l’école devient un véritable lieu de promotion de la santé, tant pour les élèves que pour les enseignants. Une école promotrice de santé ne se contente pas de transmettre des connaissances, mais prend en compte le bien-être global de ses acteurs, créant ainsi un environnement favorable à l’épanouissement de chacun.

La formation des cadres et des personnels de direction est donc un levier indispensable pour transformer l’école en un lieu où les compétences psycho-sociales sont non seulement enseignées, mais aussi vécues au quotidien. C’est en prenant soin des enseignants que l’on pourra, in fine, prendre soin des élèves, et construire une école véritablement promotrice de santé pour tous.

Suite: article 2/3: Rentrée scolaire 2024-25: vers une nouvelle approche de l’Enseignement Moral et Civique

Par Claire Tétier, ex-enseignante et spécialiste soft skills et Discipline Positive.